- Les trois malades chinois qui ne devaient pas nous inquiéter…
- Ce sera une grippette.
- La comparaison avec les accidents de trottinette qui tueraient plus !!! Regarde les chiffres…
- Le risque de deuxième vague est un fantasme.
- Il n’y aura plus de cas à partir du mois d’août (date à laquelle la circulation du virus a repris, en pleine chaleur !)
- L’hydroxychloroquine associée à l’azithromycine a résolu le problème de cette épidémie à COVID-19, la partie est terminée !!!
- Il n’est pas nécessaire, et même il n’est pas éthique de faire des essais cliniques comparatifs pour valider ton intuition d’efficacité et de bonne tolérance du traitement que tu as proposé, qui s’est tout de même avéré notoirement inefficace.
- Tu as nié le fait que l’association hydroxychloroquine + azithromycine, en plus chez des patients pouvant avoir une atteinte cardiaque due au virus, pouvait poser des problèmes de toxicité cardiologique, et nécessiter une validation par des essais comparatifs rigoureux.
- Tu as dénigré la démarche des essais comparatifs, notamment en maladies infectieuses, de façon délirante.
Certes, tu n’as pas dit de bêtises quand tu as dit que le nombre de cas baissait quand les courbes le montraient. Bref, tu ne t’es pas trompé quand tu as dit qu’il pleuvait en regardant à travers la fenêtre… comme tout le monde le faisait d’ailleurs… Tu as répété à l’envi qu’un pic épidémique avait une forme de cloche, le plus souvent… enfoncer une porte ouverte, cela mérite-t-il autant de bruit ?
Tu as pris des libertés incroyables en ce qui concerne la conduite d’études observationnelles ou thérapeutiques et leur déclaration à un CPP (Comité d’éthique). L’ANSM te demande des comptes : quoi de plus normal ?
Tu as laissé penser que la science, c’est du travail bâclé et des publications précipitées et non validées par les pairs.
Tu as commis des délits de conflits d’intérêt en publiant de façon précipitée et déloyale dans des revues que tu contrôles.
Tu as insulté les membres du comité scientifique et tous tes confrères infectiologues, en utilisant des termes du genre « incompétents », « blaireaux », « criminels », et j’en passe, ce qui ne t’a pas empêché de jouer les victimes outragées chaque fois que quelqu’un a dit qu’il n’était pas d’accord avec toi. En méprisant le devoir de confraternité le plus élémentaire tu ne peux guère t’étonner que finalement il y ait des réactions… Tu aimes agresser mais tu ne supportes pas qu’on te réponde. Tu n’as pas permis qu’on reste au niveau des débats médicaux et scientifiques qui sont notre culture, tu as acculé des gens posés et sérieux à venir sur le terrain que tu as choisi, celui des réseaux sociaux, de l’invective, des considérations personnelles dont à la base nous n’avons rien à faire.
Tu as utilisé des canaux de communication totalement inadaptés, tes vidéos virales sur les réseaux sociaux, en refusant toute controverse exprimée par des gens qui connaissent le sujet. Tu as ainsi abusé de la crédulité de personnes inaptes à avoir une opinion sur des sujets aussi difficiles, et adhérant à tes thèses par une croyance aveugle dont tu es apparu comme le gourou. Tes séances de vidéos du mardi, en blouse blanche et sans contradicteurs, rappelaient les consultations de la Pythie de Delphes, mâchant des feuilles de laurier et tenant un rameau à la main, dont on nous parlait lorsque nous faisions « nos humanités »… On s’y croyait !
Tu as encouragé sans vergogne les tendances complotistes et populistes les plus basses, porté par l’enthousiasme des foules en délire qui te confortaient dans ton idée d’être une sorte de divinité et te rendaient aveugle à la réalité.
Ta popularité a donné un impact énorme et disproportionné à des affirmations à peu près toutes fausses, a désorienté la population, a conduit à des études inutiles, à des traitements injustifiés, à une perte de confiance très préjudiciable envers la médecine, etc.
Tu as utilisé dès le début un argument d’autorité totalement inacceptable, brandissant les publications internationales de haut niveau dont tu revendiques la paternité, à raison d’un papier tous les quatre jours pendant 40 ans (et encore, en supposant de ne pas prendre de week-ends ni de vacances… !). Les scientifiques ont vite jugé l’absence de crédibilité d’une telle posture. Ceci en appui de l’affirmation fracassante qu’une intuition de quelqu‘un qui se croit le meilleur du monde peut avoir valeur de preuve.
Certes le gouvernement a commis quelques impairs étonnants et remarqués… mais cela ne te donne pas plus de crédit pour autant !
Et maintenant, tu expliques que lorsque les médecins hospitaliers de Marseille disent la réalité de leur quotidien et expliquent qu’ils doivent adapter en urgence leur organisation pour faire face, ils paniquent la population et font ainsi plus de mal que de bien.
Je ne crois pas que tes confrères du CHU de Marseille aient mérité tes accusations. Ils ont été mesurés et objectifs, professionnels, dans les limites de leur compétence.
Les politiques locaux, par solidarité locale, ici bien mal placée, ou par pur opportunisme, en profitent pour montrer qu’ils sont du côté de la population et des pauvres restaurateurs qui trinquent un maximum (ça, c’est vrai), et poussent à la sédition en s’appuyant sur ta popularité si mal acquise mais si utile pour critiquer un gouvernement qui fait ce qu’il peut et que nous devrions plutôt aider à faire son boulot.
Pour avoir quelque chose à dire tu joues donc maintenant au sociologue, en expliquant que le coût social est énorme. Belle évidence !
Les conséquences socio-économiques des confinements (massif ou partiel) sont épouvantables, j’y suis extrêmement sensible comme tout citoyen normalement constitué. J’ai été très réticent sur le confinement général de mars et je pense qu’un confinement ciblé aurait peut-être été préférable. Mais ce n’est pas mon métier, et je ne veux pas me prononcer sur des sujets que je ne maitrise pas un minimum. En tant que médecins, restons à la médecine et laissons les sociologues et les politiques faire leur travail (certes ils peuvent faire des erreurs comme on peut en faire en médecine, mais à chacun son domaine).
Mais enfin, jusqu’où ira le délire ?
Tu as eu l’occasion à diverses reprises, notamment avant l’été, de revenir à des discours sensés, mais tu ne l’as pas fait, tu t’es enfoncé encore plus dans ton ornière, pris par une arrogance qui ne connaît plus de limites.
Tu vas laisser dans l’histoire de la médecine et de la science une image désastreuse, tu seras l’exemple emblématique des scientifiques qui dérapent, qui se croient tout permis, et qui en fin de compte font honte à la science et à leur pays.
Donc, par pitié, arrête de dire toutes tes stupidités qui nuisent tellement à la société, aux patients, à la médecine et à la science ! Laisse les professionnels faire leur travail et cesse de faire le malin. »
Docteur Gilles Roche,
Montpellier
PS : j’ai un bagage similaire au tien : CES et maitrise de microbiologie clinique, maitrise de biostatistiques, maitrise de pharmacologie, diplôme de médecine tropicale de l’université de Nancy, titre de spécialiste en médecine interne, avec le CES de pédiatrie en plus.., ancien Interne des Hôpitaux et Chef de clinique à la Faculté.