La fabuleuse histoire du clitoris

jc PiquardJean -Claude Piquard, Jean-Claude Piquard, kinésithérapeute, a également suivi une formation en sexologie et assure des consultations auprès de personnes ou de couples en demande de soutien. Sur la base de ses recherches personnelles et de sa pratique de sexologue, il nous a présenté ses hypothèses et, lorsqu’ils sont acquis, ses résultats.

Alors que l’existence physique du clitoris est connue depuis la plus haute antiquité, ce n’est qu’à partir de le Renaissance que cet organe est décrit précisément et que son rôle dans la sexualité est reconnu. Cette avancée cohabite avec l’approche «hippocratique» selon laquelle la procréation procède de la rencontre concomitante de deux humeurs, masculine et féminine.

Ce progrès fait date et marque durant 4 siècles une compréhension désormais «moderne» de la sexualité et de l’anatomie. La sexualité se détache enfin de sa fonction purement procréative et de ses modalités strictement pénétratives. La preuve de cette modernisation se trouve notamment dans la description du clitoris, qui occupe 4 pages dans les encyclopédies médicales publiées au XIXe siècle.

Pourtant au 20e, à dater des années 1920 environ, une régression apparait, qui va se traduire notamment par la réduction de la place accordé au clitoris dans les encyclopédies médicales, qui passe de 4 pages à 4 lignes entre le années 20 et la fin des années 60, soit sur un demi-siècle environ. Cette régression s’explique à la fois par l’émergence de la psychanalyse freudienne qui ne reconnaît que l’orgasme vaginal, et par la montée du natalisme (explicable par la saignée de la 1e guerre mondiale et des peurs fantasmatiques comme le « péril jaune ») qui rend à la sexualité sa fonction purement procréative. Il faudra donc attendre la fin des années 60 et les mouvements de libération de la femme pour redonner à la sexualité toutes ses dimensions, et ipso facto au clitoris sa place dans la jouissance féminine, sauf étrangement dans le domaine médical.

La dernière partie de l’exposé rend compte d’une recherche menée par l’intervenant, visant à décomposer aussi objectivement que possible les différents aspects de l’orgasme féminin, ce qui peut conduire à distinguer orgasme et jouissance. Les sexologues Masters et Johnson ont ouvert la voie en étudiant l’activité sexuelle de centaines personnes venues les consulter ou ayant accepté de participer à leurs recherches. A titre personnel, Jean-Claude Piquard est lui-même engagé dans une étude fondée sur l’hypothèse que l’orgasme, essentiellement voire exclusivement lié à l’excitation du clitoris, s’accompagne d’un doublement du rythme cardiaque, alors que la jouissance, plus souvent liée à la pénétration et au contact vaginal, n’est pas automatiquement assortie des mêmes manifestations. Il profitait donc, incidemment, de l’occasion qui lui était donnée pour lancer un appel en direction de personnes éventuellement prêtes à coopérer à cette recherche.

La fin de l’exposé, passionnant pour tout l’auditoire, a donné ensuite lieu à un débat tout aussi passionnant, et à certains compléments apportés (lorsqu’ils correspondaient à des certitudes avérées) par Jean-Claude ou par d’autres participants.
Discussion, questions et commentaires (résumé)

* Il se dit que l’excision se pratiquait « 6 à 8000 ans avant notre ère ». Quelles preuves en a-t-on ? Renvoi aux livres de Philippe Laporte, L’Érotisme ou le Mensonge de Freud  et de HOSKEN Fran, Les Mutilations sexuelles féminines.

* Qu’en est-il du point G et de sa représentation ?  (cf illustrations). Réponse : il existe bien un organe parfois identifié comme une forme féminine de prostate, proche du supposé point G. Les sécrétions abondantes comportent une proportion non négligeable d’urine, sans odeur.

* Remarque : la montée de l’intolérance à l’égard de la sexualité féminine a été concomitante de l’inversion des places accordées respectivement à Marie la vierge, mère de Jésus, et à Marie-Madeleine, à partir de la fin du Moyen âge.

*À propos de l’enquête en cours (sur l’accélération du rythme cardiaque comme signe de l’orgasme) : n’y a-t-il pas possibilité de collaborer avec les laboratoires de neuro-sciences ? Réponse : la chose paraît difficile, mais une collaboration est en cours avec des universitaires d’Angoulême.

* Remarque sur l’importance du rôle éducatif du corps médical, notamment en direction des jeunes filles et sur le faible niveau de connaissances, résultat d’une formation elle-même déficitaire. Exemple d’une personne que lui-même (JCP) dont l’excision (réelle) a nécessité deux avis médicaux avant d’être avérée.

* Remarque : il existe un médicament stimulant psychologiquement la jouissance chez l’homme comme chez la femme.

* N’assiste-t-on pas à une montée d’un « mouvement abstinent ». Réponse : sans doute, il y a un retour du puritain alors même que l’exigence de virginité a disparu (sauf dans les milieux marqués par un Islam rigoureux). Suivent des anecdotes sur les phénomènes, assez anciens, de simulation de virginité.

* Question : pour bien faire préciser son propos à J-C Piquard, l’idée est donc que: « l’orgasme vaginal serait un mythe et ne serait que de la jouissance, le terme d’orgasme ne pouvant s’appliquer qu’au clitoris »? Réponse de JCP « en effet, c’est mon hypothèse. On paie encore le prix de l’affabulation freudienne de l’orgasme vaginal. »

* Les sex-toys ne sont-ils pas centrés exclusivement la pénétration vaginale ? Réponse : il semble que les vibro-masseurs à fonction pénétrative régressent et que les appareils à fonction externe (clitoridienne) progressent.