Quand le réel et l’histoire s’effacent
Notre époque est confrontée à deux grands dangers :
1. La pensée critique en péril
Nous vivons dans un monde où tout s’accélère, où l’on ne retient que l’instant présent, sans recul ni perspective. Cette obsession de l’immédiateté affaiblit notre capacité à réfléchir, à distinguer le vrai du faux, et nous pousse à accepter des idées contradictoires sans les remettre en question. Résultat : notre vision de la réalité devient floue, et nous perdons le sens de ce qui est vraiment important.
2. La numérisation à outrance : Les besoins humains redéfinis par la technologie
Avec l’essor des intelligences artificielles, des algorithmes et des données numériques, notre monde réel et symbolique est de plus en plus façonné par des machines. Ces technologies, contrôlées par une poignée de puissants, produisent des « vérités » qui nous échappent. Elles remplacent peu à peu notre propre jugement, notre éthique et notre capacité à décider par nous-mêmes. Le risque ? Une société où les choix ne sont plus humains, mais dictés par des logiques techniques et financières, loin des valeurs qui ont toujours guidé notre humanité.
Nos besoins essentiels — manger, se soigner, vivre en justice, protéger l’environnement — sont en train d’être transformés par cette numérisation. Les valeurs des Lumières, comme la liberté, la solidarité ou le respect de la nature, s’effacent au profit d’une vision du monde où tout est calculé, optimisé, et contrôlé par des machines. Pourtant, ces valeurs ont permis des progrès majeurs : meilleure santé, éducation, justice sociale. Aujourd’hui, on nous fait croire que le savoir et la vérité sont accessibles sans effort, instantanément, comme un simple clic. Mais cette illusion nous éloigne de la réalité : le savoir exige du temps, de la réflexion et une compréhension de notre histoire.
Le danger est réel : entre les fake-news, les nouvelles formes de croyances irrationnelles et la montée d’un individualisme extrême, notre capacité à réfléchir et à agir collectivement s’affaiblit.
Un appel à la vigilance
Si nous ne faisons rien, la violence et l’ignorance pourraient l’emporter sur la raison. Il est crucial que les intellectuels, les scientifiques et les citoyens s’engagent pour défendre un savoir qui ne soit pas manipulé par des intérêts financiers ou idéologiques. Penser, discuter, douter et apprendre sont des actes qui nous rendent humains. Ils nous permettent de nous construire en tant qu’individus libres et responsables, capables de faire des choix éclairés pour nous-mêmes et pour la société.
La zététique — cette approche qui consiste à douter et à vérifier — nous rappelle que la vérité n’est pas une idole, mais le fruit d’un travail collectif et critique. C’est en partageant nos savoirs, en dialoguant et en restant vigilants que nous pourrons préserver ce qui fait notre humanité : notre capacité à nous élever au-dessus de nos instincts, à nous soucier des autres et de notre planète.
En conclusion
Ces deux journées de réflexion sont essentielles. À l’heure où l’ego et l’individualisme menacent de prendre le pas sur le « nous » et la solidarité, il est plus que jamais nécessaire de défendre une raison éclairée, au service de tous et non d’une minorité. Bonne suite de réflexion à toutes et à tous !