Georges Bringuier à l’Université d’été du Cercle zététique du Languedoc-Roussillon 7 et 8 juillet 2012 – Saint Gély du Fesc
Je n’ai appris qu’au lycée dans le Lagarde et Michard que Cyrano avait bien existé ; il était classé dans la rubrique « burlesques » en même temps que Scarron (un de ses principaux ennemis) classé parmi les « burlesques et réalistes » alors que lui-même devait se contenter des « burlesques et fantaisie ».
Pourquoi me suis-je intéressé au vrai Cyrano ; était-il le premier zététicien ?
C’est Cyrano le physicien qui a attiré mon attention lorsque j’ai lu les Enfants du Soleil de André Brahic (astronome découvreur des anneaux de Neptune).
Cyrano et Brahic: « Il serait ridicule de croire que ce grand corps lumineux tournât autour d’un point dont il n’a que faire que de s’imaginer, quand nous voyons une alouette rôtie, qu’on a, pour la cuire, tourné la cheminée autour. » (Enfants du Soleil)
C’est donc Cyrano le scientifique, partisan de l’héliocentrisme naissant, qui a en premier attiré mon attention.
Perception de l’héliocentrisme dans nos sociétés modernes :
- Une étude ayant pour but de mesurer l’état des connaissances scientifiques a été conduite en 2005 dans une trentaine de pays d’Europe, y compris la Turquie. 30 % des personnes interrogées ont déclaré que l’affirmation « le Soleil tourne autour de la Terre » était vraie.
- À la question « est-ce la Lune qui tourne autour de la Terre ou bien le Soleil ?» posée à un candidat d’un jeu télévisé de grande écoute, celui-ci dans l’embarras fait appel au public qui répond : 50/50.
- 23 % des personnes interrogées pensent que les premiers humains ont cohabité avec les dinosaures, 20 % estiment qu’Homo sapiens ne s’est pas développé à partir d’espèces antérieures (ils sont 46 % aux US qui partagent cette opinion créationniste.)
Bien qu’il n’ait pas laissé de traces dans le patrimoine des connaissances scientifiques Cyrano était un bon physicien. Peu de temps avant sa mort il travaillait sur un traité de physique dont l’ébauche est publiée à titre posthume sous le titre Fragments de physique par son ami Jacques Rohault. En 1691 celui-ci publiera à son tour un Traité de physique dont le plan est presque littéralement celui du travail de son ami. Cyrano s’intéresse au système solaire, à la rétrogradation des cinq planètes connues à l’époque, aux tâches solaires que vient de découvrir Galilée, aux phases de la Lune, aux éclipses… Toutefois, il donne une interprétation particulière des tâches solaires. Le Soleil se refroidit et dans sa logique la Terre a été un soleil… Comme beaucoup de savants de l’époque il pense que la Lune est peut-être habitée. Cyrano tente même une explication scientifique concernant la formation des planètes, par accrétion en quelque sorte (théorie communément admise aujourd’hui).
Outre le système solaire, il s’intéresse à la constitution de la matière et suivant l’exemple de Gassendi il opte pour l’atome au détriment des 4 éléments d’Aristote et Platon. Il s’intéresse à la formation des images par des lentilles convergentes. Ses connaissances scientifiques étaient à la pointe comme par exemple sur la circulation du sang, hypothèse qui datait d’à peine 1628 et qui était encore peu diffusée (Harvey était surnommé par moquerie le Circulator), sur le principe de pesanteur, sur l’évolution des espèces en observant la proximité de l’homme et du singe (Cyrano connaissait les œuvres de la Grèce antique, peut-être avait-il lu Anaximandre, l’un des premiers à proposer l’idée que l’homme puisse descendre d’espèces inférieures, idée mise à bas par Aristote. Il connaissait aussi les travaux du mathématicien Cardan.
Mais plus que tout, son approche épistémologique de la physique fait de lui un philosophe des sciences ; il met en avant le principe de réfutabilité, cher à Karl Popper, d’une théorie scientifique. A propos des croyances, Cyrano affirme qu’il est vain « d’expliquer une chose obscure par une chose plus obscure ». Le trait de Cyrano, étonnant de modernité, sonne en écho au propos du philosophe André Comte-Sponville « croire, c’est expliquer ce que l’on ne comprend pas par quelque chose que l’on comprend encore moins. »
Cyrano est aussi un inventeur, précurseur du parachute, des ballons des frères Montgolfier comme il le montre dans ses romans utopiques.
Quand on demande qui est l’auteur du fameux « que diable allait-il faire dans cette galère ? » ou du non moins fameux « hâtons-nous lentement », on répond généralement respectivement Molière et Boileau (Les fourberies de Scapin et L’art poétique (« hâtons-nous lentement et sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage »). Il s’agit d’une erreur ; ces deux citations appartiennent à Cyrano.
L’œuvre de Cyrano
Compte tenu de la courte vie de Cyrano, mort à 36 ans, son œuvre est considérable et surtout très variée :
- Le pédant joué, comédie dans laquelle se serait copieusement servi Molière
- Une tragédie, La mort d’Agrippine, œuvre classée impie et qui fut rapidement interdite.
- Deux œuvres utopiques Histoires comiques des états et empires de la lune et du soleil publiées à titre posthume par son ami Le Bret, œuvres qui ont inspiré Swift pour les voyages de Gulliver, Voltaire pour son Micromégas, Fontenelle pour Entretien sur la pluralité des Mondes. Le voyage dans la Lune a été écrit en 48 – 49 et a circulé sous forme manuscrite. Cyrano a été lui-même influencé par l’Homme dans la lune de Godwin traduit en français en 48. Ces romans racontent l’histoire d’un voyageur débarqué sur la Lune puis sur le Soleil qui, à l’occasion de rencontres avec les habitants des deux astres, permet à Cyrano de laisser libre cours à son irréligiosité voire à son athéisme et à son panthéisme. Il ridiculise les autorités religieuses et encourage la libre-pensée matérialiste. Œuvres très osées pour son époque et qui préfigurent le siècle à venir, qui porte en germe le siècle à venir, le siècle des lumières.
- Les entretiens pointus qui s’inscrivent dans le jeu d’esprit « la pointe » très en vogue à l’époque, d’un style douteux : humoristique, ironique, sarcastique, violent, satirique, les lettres diverses, satiriques, amoureuses…il s’agit surtout de pamphlets qui peuvent être corrosifs mais qui circulent sous forme d’abord manuscrites et qui sont éditées en 1654.
Quelques repères de la vie de Cyrano
Cyrano est né à Paris et non à Bergerac, d’Abel de Cyrano de petite noblesse et d’Espérance Bellanger riche bourgeoise parisienne. C’est le grand-père Savinien Sirano qui avait acheté des charges royales et était ainsi devenu Savinien de Cyrano. Protestant, il n’avait profité de ses charges qu’en fonction de la promulgation des édits de St Germain puis de Nantes,…
Il fit l’acquisition des domaines de Mauvières et Sousforêt en vallée du Chevreuse … Un ancien propriétaire de Sousforêt avait obtenu le droit de s’appeler Bergerac, pour services rendus à la ville.
Les études chez le curé qu’il appelle « âne aristotélique », puis au Collège de Beauvais (dont le principal Grangier inspire le Pédant joué), puis à l’université grâce à la bourse paternelle sauvée par l’intervention épistolaire de Le Bret.
Encouragé par Le Bret qui s’inquiète de sa dérive libertine et de ses débauches, il s’engage dans la compagnie de Carbon de Castel-Jaloux. Il est vite appelé « démon de bravoure » ; on est en pleine Guerre de Trente ans : siège de Mouzon dans Ardennes (il est blessé une première fois en allant chercher du ravitaillement), siège d’Arras dans les Flandres (il est blessé à la gorge). Il s’engage dans le régiment du prince Conti juste avant la reddition d’Arras puis il quitte définitivement l’armée (à cause de son esprit d’insubordination et plus certainement à cause de ses blessures).
De retour à Paris, il suit des cours de danse, d’escrime et de philosophie chez Gassendi ; les duels, l’épisode du Pont neuf peu glorieux (combat contre le singe Fagotin) puis le combat héroïque de la Tour de Nesle (cf le récit qui en est fait dans la pièce de Rostand) pour raccompagner le poète Linière (son cousin par sa mère).
Survient la Fronde entre 1648 et 1653 : d’abord fronde du peuple et des parlementaires suivie de la fronde des princes. Dans un premier temps Cyrano est du côté des frondeurs, contre Mazarin (le prince Conti auprès de qui il servit à Arras est du parti des frondeurs, il n’est donc pas étonnant que Cyrano l’ait suivi). Puis revirement et Cyrano qui devient pro-Mazarin. Il faut dire que le vent a tourné (il prend le parti du plus fort). Il écrit donc tour à tour une mazarinade puis une lettre contre les frondeurs (on soupçonne tout de même que cette lettre est écrite sous la menace ou qu’elle est directement dictée par Mazarin lui-même)
Ses meilleurs amis sont Le Bret, Tristan l’Hermite, Jean Royer de Prades, Jacques Rohault, le duc d’Arpajon qui devient son protecteur vers la fin de sa vie, Tanneguy des Bois-clairs qui le soigne durant les 14 derniers mois enfin Dassoucy qui deviendra son meilleur ennemi.
Les ennemis : Scarron, Dassoucy, Montfleury,…
Cyrano n’est pas seulement violent avec son épée, il l’est aussi dans ses écrits ; il traite Montfleury de « louppe aux entrailles de la terre », de « longe de veau qui se promène sur ses lardons », ou Scarron de « monstre ou de germe planté au parvis du temple de la Mort » et Dassoucy d’un « clou aux fesses de la Nature. »
À propos de Scarron qui est infirme (les écrouelles) : « Il meurt chaque jour par quelque membre, et sa langue reste la dernière, afin que ses cris vous apprennent la douleur qu’il ressent. »
Dassoucy : on ne connaît pas très bien les motifs de la brouille entre eux. Pour Dassoucy c’est l’affaire du chapon, pour d’autres auteurs c’est une affaire de cœur, Cyrano et Dassoucy auraient pu être amants. Cyrano traite Dassoucy de magot (singe), et celui-ci organise avec le marionnettiste du pont neuf Brioché un spectacle dans lequel son singe Fagotin mime Cyrano. Ce dernier vient mettre de l’ordre, il met des laquais (encore armés à cette époque) en déroute mais embroche Fagotin qui voulait aussi être de la partie. Dès lors circule dans Paris une pièce en vers intitulée : « Combat de Cyrano de Bergerac contre le singe de Brioché, au bout du pont Neuf », et il est facile de l’attribuer à Dassoucy. Devant les menaces de mort de Cyrano Dassoucy s’exile en Italie et 20 ans après la mort de Cyrano il exprime encore une peur rétrospective.
Comment parler de Cyrano sans parler de son nez ? Sa proéminence nasale était accentuée par des cicatrices, souvenirs de l’un de ses duels. L’état de son nez pouvait donner lieu à un duel, mais il en tirait une certaine fierté. Pour lui, le mérite se mesure à la longueur du nez ; dans son voyage dans la Lune il explique que des camus sont faits eunuques afin de ne pas perpétuer cette caractéristique génétique.
Théophile Gautier : « Il me semble que vous retournez un peu trop visiblement pour votre usage la fable du renard sans queue.» Cyrano voulait donc imposer l’idée que sa particularité était l’une des hautes qualités, comme avait essayé de faire le renard d’Esope qui avait perdu sa queue dans un piège. (Cette fable s’applique à celui qui conseille son prochain non par bienveillance, mais par intérêt personnel)
La chute de la poutre est-elle accidentelle ? Arpajon l’abandonne et Tanneguy des Bois-clairs le recueille. Il meurt à Sannois (près d’Argenteuil) chez son cousin Pierre de Cyrano auprès de qui il s’était fait transporter 5 jours avant de mourir. Selon le certificat de décès, il est enterré à Sannois. Sa cousine Madeleine Robineau (Roxane dans la pièce) aurait récupéré son corps pour l’inhumer dans le caveau du duc d’Arpajon au couvent des Filles de la Croix,… le curé Cochon et Madeleine Robineau affirmant que Cyrano est mort en bon chrétien.
Malheureusement pendant sa maladie on pille son coffre et sa dernière œuvre L’étincelle sera perdue à jamais.
Cyrano le philosophe
« La raison seule est ma reine » : Savinien de Cyrano est de ces philosophes, élèves de Gassendi, disciples de Campanella, de Descartes qui, s’ils ne se distinguent pas par un athéisme au sens propre, soumettent volontiers la religion, la morale et la politique à l’examen philosophique.
Comme Epicure et Démocrite, remis au goût du jour par Gassendi, Cyrano est atomiste. Ses choix philosophiques sont difficiles à décrypter. Tantôt théiste, le plus souvent déiste, panthéiste, voire athée.
L’aspect hétéroclite qui transparaît en première lecture de l’œuvre de Cyrano doit plus à la prudence qu’imposaient en ce XVIIème siècle la censure et les persécutions, qu’au bouillonnement désordonné de sa pensée ; mais ceci rend difficile la perception d’une position philosophique déterminée. Cependant en y regardant de plus près on peut percevoir dans son œuvre une réelle dimension philosophique et dégager la cohérence et la force de son matérialisme.
Cyrano met la connaissance de la nature au service de la construction d’un matérialisme radical, qui lui permet de repousser l’idée de l’existence de Dieu. Ainsi est-il possible d’appréhender l’œuvre de Cyrano de Bergerac d’un point de vue philosophique et non plus uniquement littéraire ; certains philosophes contemporains ont ouvert la voie.
Aujourd’hui des philosophes comme Michel Onfray le classent parmi les athées, mais la signification du terme est à relativiser. Il a suivi les cours de Gassendi auprès de qui il s’était d’ailleurs fait admettre de force, menaçant les élèves et le maître. Il y a rencontré Campanella (qu’il met en scène dans son voyage dans le Soleil : c’est un vieux philosophe qui emmène le voyageur terrien vers la province des Philosophes à la rencontre de Descartes qui vient d’arriver dans le Soleil, en suivant les trois fleuves de la Mémoire, de l’Imagination et du Jugement, où il a rejoint Socrate, Épicure, … tous philosophes chers à Cyrano.)
Campanella est un vieux philosophe calabrais à la réputation de rebelle politique et religieux (qui a passé 27 ans de sa vie dans les geôles de l’Inquisition et qui fut même condamné à mort pour insurrection … peine commuée en prison à vie car il avait simulé la folie) qui a dû être très prudent dans ses écrits. Mais il semble qu’il ne croyait ni en Dieu ni en l’immortalité de l’âme. C’était un temps où les flammes du bûcher (Vanini, Giordno Bruno venaient d’en faire l’expérience et Galilée y avait réchappé en abjurant).
L’impiété de Cyrano s’exprime également dans sa pièce Agrippine. Sa théorie matérialiste sur la nature mortelle de l’âme n’avait pas interpellé le public.
Pour son propos philosophique, Cyrano utilise des genres (lettres, pièces de théâtre, romans utopiques) qui ne sont pas traditionnellement propres aux discours philosophiques. Son propos ne s’inscrit pas dans la forme du traité, c’est au lecteur de se faire sa philosophie, de parvenir à ses propres conclusions. Il accorde une place centrale à l’imagination et à l’humour. Le sujet est sérieux, mais c’est justement la raison pour accepter de rire.
La philosophie de Cyrano est résolument matérialiste : il fait de la matière et uniquement de la matière le seul principe des êtres. Cyrano exclut tout principe immatériel, et donc toute idée de Dieu. Pour Cyrano l’homme est un assemblage éphémère de matière, la matérialité de l’âme implique sa mortalité.
Cyrano est donc un libertin, mais un libertin dans l’acception du XVIIème siècle, c’est-à-dire un érudit qui développe une position irréligieuse. En montrant qu’on peut se passer de Dieu, il est éminemment subversif. Pour lui, avoir recours à l’idée de Dieu, c’est essayer « d’expliquer une chose obscure par une chose plus obscure.»
Cyrano remet en question, non seulement le Dieu des chrétiens, mais également toute forme de divinité et de transcendance : on peut se passer de Dieu pour appréhender les phénomènes de la nature, nul besoin d’un Dieu comme cause et principe des lois de la nature. Il refuse de recourir à Dieu comme fondement de la physique.
S’il rejette l’aristotélisme et s’intéresse aux nouvelles théories scientifiques, en particulier l’atomisme renouvelé par Gassendi, le mécanisme de Descartes et les récentes découvertes de Galilée, c’est moins pour y apporter sa contribution que pour en tirer les arguments qui servent sa philosophie matérialiste. Mais contrairement à Galilée qui cherchait à rendre autonome la science sans remettre en cause la légitimité de la religion, Cyrano pense que la connaissance scientifique permet de s’affranchir des croyances religieuses.
Cyrano victime de la censure
L’Index librorum prohibitorum a sévi de 1559 jusqu’en 1961 (la Vie de Jésus de l’abbé Jean Steimann) et officiellement jusqu’en 1966. La Confrérie de l’index est constituée en 1571.
Cyrano est classé comme athée et pourchassé par la mystérieuse confrérie de l’Index. Sa pièce Agrippine est interdite « pour les désordres qu’elle causait auprès des dévots »
Le Bret a certainement opéré une certaine censure ; il était dévot et il ne voulait pas prendre le risque de se voir à son tour poursuivi.
Mythification, démythification de Cyrano
Les premiers biographes sont ses contemporains comme son meilleur ami Le Bret et son meilleur ennemi Dassoucy qui le décrit de manière peu glorieuse. Ainsi Cyrano débute sa carrière post-mortem telle une marionnette fanfaronne qui a pour seul combat celui qu’il a avec un singe sur le Pont Neuf…
Puis c’est la construction du mythe Cyrano avec Charles Nodier, Théophile Gautier, Paul Lacroix qui le sortent de l’ombre ; vient enfin Edmond Rostand qui le projette dans la lumière. Puis avec Auguste Jal archiviste et historien et Rémy de Gourmont journaliste et critique, c’est la déconstruction du mythe.
Conclusion
Que reste-t-il de Cyrano ?
Ses deux pièces sont toujours jouées dans quelques petits théâtres subventionnés de la banlieue parisienne. Le pédant joué, première pièce écrite dans la jeunesse, bien que difficile à lire, a inspiré de nombreux auteurs ; La mort d’Agrippine est l’œuvre d’un écrivain parvenu à maturité et pour laquelle il est comparé à Corneille.
Les romans utopiques sont encore étudiés et sont même des sujets du bac de français. Assurément il a manqué une dizaine d’années à Cyrano pour accéder au panthéon des plus grands auteurs de la littérature française.
Dans un contexte où la liberté d’expression était très surveillée, Cyrano est certainement l’un des premiers philosophes à s’exprimer si ouvertement contre l’Eglise.
Cyrano était un rationaliste qui se moquait des croyances et des superstitions de toutes sortes (lettres aux sorciers) et il est bon de revivifier sa pensée, son œuvre.
Aujourd’hui, alors que les connaissances scientifiques avancent, alors que nous en savons toujours davantage sur l’Univers, sur la vie, l’irrationnel progresse. Les croyances de toute nature, des plus bénignes aux plus néfastes envahissent la société. De l’astrologie radiophonique quotidienne aux extrémismes religieux et aux mouvements présentant des dérives sectaires, les croyances se portent bien.
Le Cyrano de Rostand est à ranger aux côtés de d’Artagnan, du Capitaine Fracasse, de Lagardère, de Pardailhan, … personnages braves, héroïques. Mais comme d’Artagnan, Cyrano a réellement existé si d’Artagnan met son épée au service du pouvoir, Cyrano met la sienne au service de sa verve et de son panache). Le vrai Cyrano est éloigné du Cyrano de Rostand, plus encore pour Remy de Gourmont que j’ai pu le dire ici. Il n’aurait pas eu plus de duels que les autres jeunes de son temps. Ses blessures à l’abdomen et à la gorge l’éloignaient des plaisirs de la table et de la chair ; il était tout autant éloigné des mœurs de Théophile.
Est-ce là la véritable histoire de Cyrano ? Qui peut le dire. Un biographe déclarait d’ailleurs que toute tentative de biographie de Cyrano était impossible !
Cyrano premier zététicien ? …. A chacun de répondre.